INTELLIGENCE DU CORPS, INTELLIGENCE DU SOIN

INTELLIGENCE DU CORPS, INTELLIGENCE DU SOIN – Chercheurs en sciences humaines et soignants dialoguent -Journée d’étude le 12 avril 2022

La crise sanitaire que nous traversons est venue souligner l’importance du corps dans le travail du soin. Les gestes barrières ont en effet en commun d’induire une distance physique, distance qui modifie de facto les pratiques. L’importance du visage et du toucher dans le travail de soin, tout comme celle du corps à corps se rappellent à nous durant cette période si particulière. Cette journée d’étude n’est pour autant pas une journée sur le thème de la crise sanitaire ; celle-ci est simplement convoquée ici comme opérateur d’intelligibilité pour repenser autrement la question du soin.
Les soins palliatifs constituent un lieu privilégié pour explorer les rapports entre l’intelligence du corps et l’intelligence du soin. Ils illustrent en effet de manière exemplaire que tout soin technique est relationnel et tout soin relationnel est technique. Un change, une injection, un examen corporel ne se font jamais de manière complètement standardisée ; les soignants s’adaptent à l’état affectif, émotionnel, physique des patients. On ne fait pas une injection à une personne angoissée de la même manière qu’à une personne sereine : on adapte sa manière de parler, de se mouvoir, de toucher le corps du patient. Toute technique de soin engage des habiletés relationnelles. De même, l’idée que l’empathie, l’écoute, l’attention et la présence relèvent d’habiletés techniques va à l’encontre d’une vision « romantique » du soin selon laquelle ces qualités seraient naturelles ou intuitives. Ces qualités s’apprennent et s’affinent avec le temps. Savoir écouter c’est savoir quand se taire et quand parler. C’est une manière de se positionner au lit du malade, une intonation, une manière de regarder. Nous pourrions en dire de même pour la présence et l’attention. Toutes ces qualités relèvent de techniques du corps, d’habiletés qui s’affinent et se transmettent entre collègues à l’intérieur d’une équipe.
Si l’intelligence du corps est toujours en avance sur la conscience, poser des mots sur des sensations contribue au développement de la sensibilité. L’aller-retour constant entre l’expérience sensible et le langage contribue au développement de l’intelligence du corps : de même que le langage permet aux soignants d’aller chercher au contact des patients ce qu’ils apprennent à nommer, le fait de sentir accroit en retour leur compréhension des mots qu’ils utilisent. Organiser une journée sur le thème de l’intelligence du corps et l’intelligence du soin est ainsi une opportunité de parler autrement du travail en soins palliatifs, de tenter collectivement de mettre des mots sur un territoire immense et relativement inexploré qui constitue pourtant l’essentiel du travail vivant.

 

Lieu: 

L'ENCLOS REY 98bis rue du théâtre Paris 15e

Date: 

Mardi 12 Avril 2022 - 09:00 - 17:00